À propos de l’Hôpital Foch
Histoire de l’Hôpital
L’Hôpital Foch a été créé dans l’entre-deux guerres avec deux objectifs novateurs :
- créer d’une part un Hôpital pour les classes moyennes sur le modèle américain à un moment où l’offre de soins en France s’organisait autour de cliniques privées pour soigner les plus fortunés, et d’un hôpital public plus proche des hospices du passé pour les plus pauvres.
- créer d’autre part un établissement de soins à la pointe des techniques et du confort, là encore sur le modèle américain. A son ouverture l’hôpital FOCH était de fait l’Hôpital le plus moderne de France.
La création de la Fondation Maréchal Foch
Aux origines de ce projet , il y a deux hommes : Justin GODART et Bernard Flursheim.
Justin GODART a été député de Lyon (1906-1926), puis sénateur du Rhône (1926-1940), il s’est consacré principalement aux questions sociales : à la santé, à l’hygiène et aux « diminués physiques ». Sous-secrétaire d’État à la Guerre durant le premier conflit mondial, il est responsable du Service de santé militaire de 1915 à 1918 et le réorganise, tout en menant, pour la première fois en France, une politique inédite de santé publique2. En décembre 1916, il demande à Gustave Roussy de créer un centre neurologique afin de remettre sur pied et de renvoyer le plus rapidement possible les traumatisés de guerre .Le 14 mars 1918, à la fin de la guerre, il fonde la Ligue franco-anglo-américaine contre le cancer. Il fonde aussi, en 1934, la Ligue internationale contre le cancer. Il prend part aux débats sur la définition d’une législation internationale dans le domaine sanitaire et s’investit à ce titre dans l’Organisation internationale du travail et le Bureau international du travail. Il est ministre du Travail et de l’Hygiène en 1924-1925 et ministre de la Santé en 1932.
L’américain Bernard FLURSHEIM est chargé en 1926 de réorganiser la Croix Rouge américaine et de répartir les aides attribuées à l’Europe par les U.S.A. après la première guerre mondiale. L’« American National Red Cross » soutenue par plusieurs mécènes milliardaires dont John D. ROCKEFELLER, avait en effet le projet de déployer ses moyens d’assistance et de soins pour permettre aux belligérants de se reconstruire médicalement.
Dans ce contexte, les deux hommes forment en 1929 le projet d’édifier en région parisienne une clinique médicale et chirurgicale pour les patients issus des classes moyennes, partie de la population ni trop pauvre pour bénéficier de l’aide sociale ni assez riche pour payer l’hôpital.
Une fondation est alors créée afin d’en assurer la construction et la gestion, Fondation baptisée « Fondation Franco-Américaine du Mont Valérien ». qui est presqu’immédiatement reconnue d’utilité publique. Cette même année, à la mort du Maréchal Foch, Bernard Flursheim obtient de sa veuve que l’hôpital porte son nom, et la Fondation reprend également son nom : Fondation Maréchal Foch.
Bernard Flursheim et le Docteur Winchester du Bouchet sont les premiers à faire un don en faveur de la Fondation Foch, d’une valeur d’un million de francs de l’époque.
Le Comité des Dames
Deux autres personnalités marquent l’histoire de cette création par leur énergie pour réunir les fonds nécessaires à l’acquisition des terrains et la construction de l’édifice : la Princesse Edmond de Polignac, née Singer et Consuelo Balsan, née Vanderbilt, toutes deux franco américaines.
Winnaretta Singer, Princesse de Polignac, est une des héritières des machines à coudre Singer Mariée en 1893 au prince Edmond de Polignac. Elle a eu une action de mécénat considérable sur le monde musical de la première partie du XXe siècle : Gabriel Fauré, Nadia Boulanger, Emmanuel Chabrier, Jean Françaix, Reynaldo Hahn, Darius Milhaud, Maurice Ravel, Henri Sauguet, Germaine Tailleferre, Jean Wiener, Isaac Albéniz, Igor Markevitch, Kurt Weill, Ethel Smyth, Karol Szymanowski. Les pianistes Ricardo Viñes, Blanche Selva, Clara Haskil, Lili Kraus, Arthur Rubinstein et la danseuse Isadora Duncan ont également profité de son aide. Elle a commandé de nombreuses pièces à des compositeurs célèbres. On lui doit entre autres la création de Socrate d’Erik Satie, du Renard d’Igor Stravinsky, du Retablo de Maese Pedro de Manuel de Falla, du Concerto pour deux pianos et du Concerto pour orgue, cordes et timbales de Francis Poulenc. Ravel lui dédia sa célèbre Pavane pour une infante défunte.
Consuelo Vanderbilt fille du milliardaire américain roi des chemins de fer avait été contrainte d’épouser, en 1895, le 9e Duc de Marlborough, Richard John Spencer Churchill, cousin de Winston Churchill. Elle divorce en 1906, pour épouser Jacques Balsan, une des premières figures de l’aéronautique française. Sensibilisée très jeune aux questions sociales, et notamment choquée par le sort de la fille paralysée d’un couple de bohémiens, elle considérait que son argent était fait pour être donné. Mais sans jamais le mettre en avant, comme en témoigne la photo de l’inauguration de l’hôpital où elle reste en retrait… Quand elle est sollicitée par Bernard Flursheim pour la construction d’un hôpital destiné aux classes moyennes, elle n’hésite pas une seconde
Toutes deux sont à l’origine de la collecte de fonds pour la construction de l’Hôpital Foch, Elles seront soutenues par le Comité des Dames (groupe de femmes philanthropes) et l’Etat pour sa part subventionnera plus de la moitié de la somme nécessaire aux travaux.
Le choix de l’installation à Suresnes
La Fondation décide d’installer son projet de construction à Suresnes avec le soutien du Maire de la ville Henri Sellier, adepte de l’hygiénisme, sur des terrains appartenant à la famille de Charles Frederick Worth, ancien couturier de l’Impératrice Eugénie.
C.F. Worth avait créé en 1858, Rue de la Paix, la première maison de couture présentant ses propres collections et ouvrant le cycle de modes printemps-été et automne-hiver. C’est lui qui inventa le mannequin vivant, les défilés de mode et qui associa couturiers et artisans chausseurs, chapeliers et maroquiniers.
Il avait fait construire entre 1865 et 1869 à Suresnes sur 15000 m² sa demeure. En 1892, son fils Gaston Worth avait fait ériger sur le site un pavillon néo-normand, qui est conservé et qui a été nommé a posteriori « Pavillon Balsan » en l’honneur de Consuelo Balsan.
En 1931, le Château de C.F. Worth est démoli et les jardins se destinent à accueillir le futur hôpital.
La construction de l’hôpital Foch
A partir de 1932, un hôpital de 350 chambres et une école d’infirmières s’élèvent sur les terrains acquis, sous la direction L’architecte Edouard Fouqué, chargé de la construction
Dans la première pierre, posée le 2 mars 1931, une pensée du Maréchal Foch a été scellée : « Nous avons à poursuivre le bien sur la Terre même après en être partis, par des institutions qui nous y représentent. »
Malgré plusieurs interruptions dues au manque de fonds, mais grâce à l’altruisme des donateurs – et aussi à un emprunt de huit millions de francs auprès de la Caisse des dépôts et consignations – l’hôpital est inauguré le 25 octobre 1936, en présence de la veuve du Maréchal Foch, marraine de l’Hôpital. Sont notamment présents le président de la République, Albert Lebrun, l’ambassadeur des Etats-Unis, William C. Bullitt, ainsi que Léon Blum, président du Conseil.
L’hôpital pendant la guerre
Au début de la Seconde Guerre mondiale, l’hôpital est réquisitionné successivement par le Service Français des Armées, puis pendant l’occupation par les services médicaux allemands de juin 1940 à janvier 1944. Puis le service de santé allemand est transféré à l’Hôpital Raymond Poincaré de Garches (construit à la même époque que l’Hôpital Foch), moins susceptible d’être bombardé, et le personnel de Garches vient alors travailler à Suresnes.
L’Hôpital Foch de couleur blanche, particulièrement visible est repeint en vert par les services de camouflage allemand. Des échelles extérieures sont installées aux fenêtres afin de pouvoir évacuer rapidement l’édifice en cas d’attaque.
Après la Libération, l’hôpital est annexé par l’Assistance Publique. Justin Godart doit lutter pendant cinq longues années pour que la Fondation retrouve ses droits de gestion, l’Assistance publique ayant du mal à renoncer à l’occupation des lieux.
L’hôpital de la SNCF
De 1949 à 1995, la gestion de l’établissement est confiée à la Caisse de Prévoyance de la SNCF. La capacité de l’hôpital s’accroit pour atteindre 890 lits.
Le 12 avril naît officiellement le Centre Médico-Chirurgical (CMC) Foch, établissement privé à but non lucratif. Dans l’historique de la Fondation qu’il écrit en 1953, Justin Godart mentionne que, grâce à son « éminent » directeur, Georges Chevalier, le Centre médical « constitue pour la France et l’étranger la plus remarquable institution médico-sociale pilote, aux incessantes améliorations, à l’adaptation immédiate de tout ce qui peut être utile, voire même (sic) agréable aux malades ».
Le départ de la SNCF et la création de l’Association Hôpital Foch
Quand la convention de gestion avec la SNCF arrive à son terme, en 1995, et que la SNCF ne souhaite pas la renouveler, la question du futur de l’hôpital est à nouveau posée. Foch jouit d’une excellente réputation grâce à la qualité de ses médecins et reçoit le soutien de nombreuses personnalités. Simone Veil, alors ministre d’Etat chargée des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville, sous le gouvernement d’Edouard Balladur, s’adresse au président de l’hôpital : « Vous disposez d’un modèle extraordinaire, privé / public, c’est ce qui se fait de mieux. Continuez comme cela mais trouvez un gestionnaire qui soit plus ouvert que celui que vous venez de quitter ! Plutôt territorial… Voyez donc avec la mairie de Suresnes et le Conseil général des Hauts-de-Seine »
C’est ainsi qu’en 1996, en réponse aux suggestions de Simone Weil, la Fondation Foch crée conjointement avec le Conseil Général des Hauts de Seine et la ville de Suresnes « l’Association Hôpital Foch ».