Le Dr Marie-Christine Fagnen-Sylvaire vous répond

Le choix qui prime est avant tout celui du patient, et non celui du thérapeute. Nous agissons, en premier lieu, en fonction du patient, et nous retravaillons sur les objectifs au fil du temps. L’addiction est une maladie. Les patients ont parfois été mis au ban de la société du fait de cette addiction. La culpabilité qui en découle et le fait de vivre avec cette maladie représentent parfois une double peine. Or, le patient n’est pas coupable, mais seulement malade. Il n’arrivera pas au sevrage avec sa seule volonté, mais la motivation à changer reste primordiale, et d’autant plus dans l’addiction comme dans toute pathologie.

En addictologie, nous agissons véritablement en lien avec le patient, dans l’écoute et dans l’empathie, le but n’étant pas de se mettre à sa place, mais d’interagir avec lui. Il est l’élément central, et nous ne nous présentons pas en position de médecin omniscient face à un patient ignorant. Nous le prenons en compte et travaillons avec lui. La plupart du temps, nous proposons dans un premier temps soit un travail de réduction, soit un accompagnement pour l’arrêt. Dans le cas, par exemple, de la survenue d’une pathologie lourde (infarctus, cancer…) en présence d’une addiction, nous travaillons d’abord sur une proposition de diminution de la consommation (tabac, alcool…), puis sur une idée de substitution éventuelle, parce qu’un patient éprouvé psychologiquement par la maladie n’est pas dans les conditions favorables à l’arrêt total. Ainsi, nous construisons un accompagnement pas à pas, pour réduire les risques petit à petit et arriver vers une perspective de sevrage à plus long terme.

L’addiction, par définition, signifie que l’on prend un produit que l’on ne peut s’empêcher de consommer, alors qu’il est délétère, sur le plan médical, bien sûr, mais aussi sur les plans judiciaire, familial, professionnel, financier. La dépendance a souvent un retentissement très large sur la vie quotidienne. Par exemple, beaucoup de patients nous sont envoyés par la justice, des ruptures relationnelles peuvent survenir, etc. Une simple réduction de la consommation d’alcool peut permettre à un patient de redevenir acteur, avec beaucoup moins de risques à la fois pour sa santé et pour tous les autres aspects de sa vie. L’objectif final étant la réduction du risque en arrêtant ou réduisant la consommation du produit.